Nouvelle étape de la chirurgie du futur en Alsace (19/12/2006)

C'est au sein du pôle de compétitivité alsacien "Innovations Thérapeutiques", que préside le professeur Jacques Marescaux, par ailleurs président de l'IRCAD (Institut de Recherche contre les Cancers de l'Appareil Digestif) qu'il a fondé en 1994, que cette chirurgie est en train de voir le jour. Parmi les projets déjà labellisés par ce pôle, tant dans le domaine des technologies médicales que dans celui des sciences du médicament, ANUBIS est sans doute l'un des plus emblématiques de cette médecine du futur qui émerge actuellement. Selon Jacques Marescaux ce projet annonce la "troisième révolution chirurgicale" de l'histoire. Difficile de ne pas croire cet homme qui, en 2001, a mené avec succès l'"Opération Lindbergh", réalisant pour la première fois au monde une intervention chirurgicale à distance depuis New York sur une patiente à Strasbourg. Propos recueillis par Jean-François Desessard.


"BE France - ANUBIS a été le premier projet labellisé par le pôle. Comment est née cette idée d'une 'chirurgie sans incision' et où en sont ses développements ?

Jacques Marescaux - Cette nouvelle approche de la chirurgie sans cicatrice est née de l'idée d'un gastro-entérologue de Hong Kong. Par ailleurs, nous savions que l'estomac cicatrise dix fois plus vite que la peau. Aussi avons-nous décidé de nous lancer dans cette nouvelle chirurgie transgastrique en commençant par développer les instruments nécessaires à sa pratique. D'où le projet ANUBIS, mené dans le cadre d'un partenariat entre l'IRCAD, l'entreprise allemande Karl Storz et l'équipe robotique du Laboratoire des Sciences de l'Image, de l'Informatique et de la Télédétection (LSIIT) de l'Université Louis Pasteur de Strasbourg. Nous sommes allés très vite. C'est en effet en septembre 2005 qu'à été lancé ce projet. Or nous en sommes aujourd'hui au troisième prototype d'instrument qui va être testé sur l'animal. Nous espérons obtenir l'autorisation pour pouvoir réaliser les premiers essais sur le patient courant 2007. Parallèlement, le pôle a labellisé un autre projet de cet axe 2 centré sur l'imagerie et la robotique médicale et chirurgicale. Mené en collaboration avec le groupe Alcatel, la start-up Laennext et les Hôpitaux Universitaires de Strasbourg, ce projet, baptisé STETAU, vise à mettre au point le premier stéthoscope électronique permettant de transformer le son en image et grâce auquel il est possible d'ausculter un patient à distance. C'est un projet qui se situe dans la perspective d'une télémédecine appliquée.

BE France - Ces projets de l'axe 2 du pôle Innovations thérapeutiques s'appuient en particulier sur les compétences de l'IRCAD. Quelles sont-elles ?

Jacques Marescaux - Aujourd'hui, l'IRCAD dispose d'une cinquantaine d'ingénieurs travaillant dans les domaines de la robotique et de l'imagerie médicale. Cela en fait l'une des équipes les plus importantes et les plus compétentes en Europe et dans le monde. Dans le domaine de la robotique, l'équipe que dirige Michel de Mathelin est parvenue en un an et demi à mettre au point un petit robot qui, intégré au scanner, peu détruire automatiquement à l'aide de dispositifs de radiofréquences des tumeurs localisées par exemple dans le foie d'un patient. La force de l'IRCAD est d'avoir toujours gardé, depuis sa création en 1994, la même optique, celle de l'amélioration continuelle du geste chirurgical assisté par ordinateur qui finira par aboutir à plus ou moins long terme à un geste entièrement automatique. Le principal atout de l'IRCAD est également d'avoir développé l'EITS (European Institute of TeleSurgery), première école de formation à la chirurgie mini-invasive dans le monde où sont formés chaque année près de 3300 chirurgiens venus du monde entier. Or les roboticiens et les informaticiens de l'IRCAD sont en contact permanent avec cette communauté internationale de chirurgiens et de radiologues auprès de laquelle ils nourrissent leur créativité.

BE France - L'IRCAD semble faire école dans le monde. C'est important pour vous, au-delà de la reconnaissance ?

Jacques Marescaux - Absolument. Le premier de ces projets s'est initié en 2005, avec la création d'une unité de formation à la chirurgie mini-invasive en partenariat avec la Chinese University de Hong-Kong. Depuis, un milliardaire de Taïwan a souhaité construire une copie conforme de l'IRCAD qui s'appelle l'Asia Ircad Minimal Invasive Center Training. Cet établissement, dont les cours pourraient commencer en janvier 2008, dispensera des formations dans un premier temps puis intégrera une partie recherche. Ce projet est d'autant plus intéressant que la Chine compte environ 1,5 million de chirurgiens contre 30 000 en Europe. D'autres projets sont à l'étude aux Etats-Unis et à Abu Dhabi. Il faut souligner que cette dynamique engendrée par la création du pôle Innovations Thérapeutiques a contribué à l'émergence de ces partenariats internationaux."

IRCAD - Professeur Jacques Marescaux : tél. +33(0)3 88 11 62 68, Fax. +33(0)3 88 21 62 65 - email : Annie.Reysz@chru-strasbourg.fr
- EITS (European Institute of TeleSurgery) : http://www.eits.org - email : info@eits.fr
- Pôle Innovations Thérapeutiques : http://www.alsace-biovalley.com/dn_pole_competitivite/ - email : contact@innovations-therapeutiques.fr

ADIT - Jean-François Desessard - email : jfd@adit.fr

Source :
http://www.informationhospitaliere.com

Aucun commentaire: