Un robot chirurgien du dos qui voit en 3 D

Neurologie Première européenne à Saint-Luc

"Louis, 72 ans, a mal au dos. Deux de ses vertèbres glissent l’une sur l’autre, bloquant les nerfs, rendant la marche difficile. Jeudi, il est passé sur la table d’opération des cliniques Saint-Luc (UCL), pour une opération qui doit fixer les deux vertèbres défaillantes ensemble et lui permettre de remarcher quasi normalement.

Louis l’ignore peut-être, mais il a bénéficié du nec plus ultra en matière de chirurgie vertébrale, grâce à l’intervention d’un robot qui crée, en direct, une imagerie en trois dimensions, ce qui réduit de beaucoup les risques liés à cette opération. En Europe, c’est le seul appareil de ce type en fonction, et le quatrième dans le monde. 'Il permet de compenser parfaitement le fait qu’en travaillant de manière percutanée avec de petites ouvertures de maximum 2 centimètres dans la peau, on n’avait plus de vision directe sur l’opération que l’on pratiquait', explique le professeur Christian Raftopoulos, chef du service de neurochirurgie des cliniques universitaires Saint-Luc. Aujourd’hui, de nombreuses opérations de ce type se pratiquent encore en pratiquant une large ouverture le long de la colonne. La technique percutanée permet de limiter l’intrusion dans la peau à 15 pour cent de cette surface.

L’opération de la colonne consiste à introduire quatre vis, une de chaque côté des deux vertèbres qui doivent être solidarisées par une tige. Traverser les muscles au lieu de les écarter permet de ne pas les traumatiser, mais demande une technique d’imagerie extrêmement précise. De même, il faut éviter les racines nerveuses, au risque de provoquer une sciatique ou une cruralgie (douleur du nerf fémoral) dont le patient ne se rend compte qu’à son réveil, ce qui impose une nouvelle opération complète pour déplacer les vis mal placées.

'Dans tous les centres du monde, le quart des vis ne se retrouvent pas où on voulait qu’elles soient. Un constat qu’on ne pouvait faire que 48 heures plus tard. Avec cet appareil en 3-D, la vérification se fait sur la table d’opération et permet de remédier instantanément à un mauvais placement.' De 25 à 30 pour cent de problèmes, cette technique permet d’atteindre 5 pour cent d’erreurs.

Du coût d’un million d’euros pour une cinquantaine d’opérations par an, ce type d’investissement n’était possible qu’en partageant cette innovation avec d’autres spécialistes, en l’occurrence vasculaires et cardio-vasculaires, qui utilisent cette technique pour progresser au cœur des artères. Il ne faut pas confondre cette innovation avec un robot chirurgical : cet appareil-ci automatise la prise d’images, permettant au chirurgien de récupérer la précision nécessaire, malgré le caractère moins invasif de l’opération."

Frédéric SOUMOIS - Vendredi 9 juillet 2010

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