Fécondation in vitro : Nantes expérimente le 1er EmbryoScope® français pour améliorer les chances de grossesse

Une technicienne du laboratoire d'AMP surveille un embryon
"Le centre d'assistance médicale à la procréation (AMP) du CHU de Nantes est le premier centre en France à bénéficier du prêt d’un EmbryoScope® pour la réalisation d'une étude collaborative internationale. 'Il s'agit d'un équipement révolutionnaire pour l'avenir de la reproduction assistée', scande le Dr Miguel Jean, chef du service de biologie de la reproduction.

En entrant dans le laboratoire du centre, on s'attend alors à voir un équipement volumineux. En réalité, un écran d'ordinateur et un incubateur de petite taille trônent sur une simple table de bureau. Mais il ne faut pas s'y fier : l'EmbryoScope® est un équipement de très haute technologie qui devrait améliorer les chances de succès des fécondations in vitro (Fiv).

Observation in vivo et en continu de l’embryon et de sa fécondation

'Cette technologie nous permet d'observer l'embryon minute par minute, de la fécondation in vitro au transfert dans l'utérus, ce qui laisse espérer une amélioration substantielle dans les résultats de l'implantation embryonnaire', résume le Dr Jean.

La culture embryonnaire repose sur un principe très simple : plus l'environnement de l'embryon est stable (température, exposition à l'oxygène ou au dioxyde de carbone...), mieux il se porte et plus son développement sera favorisé. Jusqu'à maintenant, tous les soins nécessaires à la vie de l'embryon imposaient de le sortir de l'univers douillet de son incubateur pour le placer, à intervalles réguliers, sur la platine du microscope. Ces bouleversements répétés de son environnement peuvent constituer des sources de stress pénalisantes pour son développement.

Grâce à l'EmbryoScope®, il n'est plus nécessaire de déranger l'embryon pour surveiller son développement et lui prodiguer les soins nécessaires à sa croissance : tout se fait à distance, porte fermée, grâce à un système complexe qui allie robotisation, informatique et imagerie de très haut niveau. Ainsi, un microscope est enfermé dans l'incubateur avec l'embryon et permet de visualiser en continu son développement. 'Nous souhaitons pour l'instant offrir cette technologie aux embryons les plus fragiles', précise le Dr Jean.

La société danoise Unisense Fertilitech qui a développé ce nouveau système a déjà équipé de nombreux hôpitaux en Europe. 'Nous sommes fiers d'être le premier CHU français à pouvoir expérimenter ce formidable équipement, déclare le Dr Thomas Fréour, praticien biologiste au centre. J'ai déjà eu l'occasion de présenter ce procédé lors de congrès médicaux et j'ai pu constater que ce sujet captivait instantanément l'auditoire'. Les tout premiers résultats européens confirment les espoirs placés dans cette nouvelle technologie. L'EmbryoScope® devrait donc permettre d'offrir des chances de grossesse supplémentaires aux patients infertiles pris en charge en fécondation in vitro au CHU de Nantes.

L'AMP en chiffres

Près de 15% des couples en âge de procréer rencontrent, à un moment de leur vie, des difficultés pour réaliser leur désir d'enfant.

Le centre AMP du CHU de Nantes réalise chaque année plus de 1 000 tentatives de Fiv et Icsi (fécondation in vitro avec micro-injection), 500 IAC (insémination intra-utérine) et 300 IAD (insémination artificielle avec sperme de donneur) par an, ce qui le situe parmi les 10 premiers centres français d'AMP."

Contact du centre d'AMP du CHU de Nantes : 02.40.08.32.34

http://www.reseau-chu.org/
La Lettre du Réseau 29/03/2011

Les risques émergents en télémédecine et chirurgie ambulatoire

Réseau CHU, vendredi 07 janvier 2011 :

"L'essor de la télémédecine et de la chirurgie ambulatoire entraîne une profonde restructuration de l'offre de soins. La télémédecine parce qu'elle abolit les distances entre le patient et le super spécialiste via un simple cabinet médical pour peu que celui-ci soit connecté. Et la chirurgie ambulatoire, plébiscitée par les patients, parce qu'elle allège les actes opératoires et autorise un retour à domicile le jour même. Mais ces progrès sont à l'origine de risques nouveaux et donc de responsabilités nouvelles mais celles-ci restent à définir précisément. Interrogé par Réseau CHU, Nicolas Gombault, directeur général du sou médical, trace les contours jurisprudentiels de ces activités phares de la médecine du XXIème siècle.

En tant qu'expert, intervenant aux côtés des professionnels de santé, quels conseils donneriez-vous aux membres d'une nouvelle structure juridique du réseau Télémédecine ?

Nicolas Gombault : Le premier conseil à donner réside bien entendu dans le respect de la réglementation issue de l'article L 6316-1 du code de la santé publique et de son décret d'application du 19 octobre 2010. Le consentement du patient, le respect absolu de la confidentialité, le transfert sécurisé des données sont des points fondamentaux.

S'agissant de la pratique de l'acte de télémédecine, la qualification des intervenants, la formation des patients, l'adéquation de l'équipement, le fait de prévoir des solutions de secours en cas de défaillance, l'examen clinique préalable du patient, la justification et la validation de l'examen sous le contrôle du médecin, l'élaboration de protocoles doivent aussi retenir particulièrement l'attention.

Enfin, l'archivage, la traçabilité totale de l'examen sont nécessaires.

Signalons que sur le plan juridique, une convention entre les différents acteurs est obligatoire, convention qui aura pour objet d'organiser leurs relations et de fixer les obligations de chacun ; cette convention devra être transmise par chaque praticien à son conseil départemental de l'ordre.

Quelles clauses doivent absolument être précisées dans la convention qui les lie ?

Nicolas Gombault Ce sont essentiellement les obligations de chacun, en terme de délai de réponse, de modalités de travail, qui doivent y être précisées. Il peut être utile aussi de tenter d'y fixer à l'avance les règles de responsabilité. Quant au fournisseur, il sera responsable d'un dysfonctionnement technique si celui-ci n'a pas pour origine une erreur d'utilisation ou une mauvaise organisation des praticiens.

Comme il n'existe malheureusement pas de modèle type de convention, il faut faire preuve d'une prudence extrême dans la rédaction de ce document essentiel. Mieux vaut se faire assister par un conseil avisé.

Concernant la chirurgie ambulatoire, constatez-vous un déplacement des responsabilités du chirurgien ou de l'hôpital vers le médecin généraliste ?

Nicolas Gombault : Une partie du suivi post-opératoire sera incontestablement reportée sur le médecin traitant qui verra alors sa responsabilité significativement augmentée.

Par ailleurs, il est important que les responsabilités de tous les intervenants de la chaîne de la chirurgie ambulatoire soient clairement définies. De même, la qualité de l'information du patient et les recommandations qui lui sont données en cas de complication sont fondamentales. Il n'en demeure pas moins que les médecins traitants doivent par ailleurs recevoir une formation adaptée."

Réseau CHU Newsletter 562
Responsable éditorial : Marie-Georges FAYN